martedì 23 luglio 2019

Introduzione ai lavori dell'Assemblea Plenaria del Pontificio Consiglio della Cultura sul tema : " La Via Pulchritudinis , chemin d'évangélisation et de dialogue " , del Card. Paul Poupard



PONTIFICIO CONSIGLIO DELLA CULTURA
LA VIA PULCHRITUDINIS ,
cammino privilegiato di evangelizzazione e di dialogo


Assemblée Plénière


27-28 mars 2006
 
 
« La Via pulchritudinis.
Chemin d’évangélisation et de dialogue. »
 

 

 

Intervention de

 

S.E. le Cardinal Paul POUPARD

Président du Conseil Pontifical de la Culture



 
Introduction aux travaux

 
Éminences,
Excellences,
Chers Amis,

1.             Je voudrais vous dire ma joie de vous accueillir en cette Assemblée Plénière, la première sous le Pontificat du Pape Benoît XVI, pour deux journées de travail qui seront, à n’en pas douter, intenses et riches. Je tiens à vous remercier tous de votre présence. Je sais que vous avez dû faire de gros sacrifices pour être présents, surtout à la suite du changement de date imprévu dû au Consistoire. Il n’est pas facile, pour ceux qui portent une lourde charge pastorale, de laisser un diocèse avec tous les engagements pastoraux de cette période du carême. Compte-tenu de ces délais trop courts, votre présence est d’autant plus méritoire.
Je salue aussi très cordialement nos nombreux consulteurs présents. C’est avec une grande joie que nous voyons notre Assemblée Plénière enrichie de votre présence, et par des voix – notamment féminines – en provenance des continents lointains de l’Asie, l’Amérique et l’Afrique. Vous aussi, je le sais, vous avez fait de grands sacrifices pour être présents. Soyez-en très cordialement remerciés.
Je vous remercie tous d’avoir répondu à notre invitation. Conscient de la difficulté qui est la vôtre de trouver du temps pour répondre à votre responsabilité de membres et consulteurs du Conseil Pontifical de la Culture, je me dois de remercier vivement celles et ceux qui ont contribué activement à la préparation de cette Assemblée plénière : vous avez permis d’élaborer l’Instrumentum laboris qui sert de base de travail à nos travaux.
Chacune et chacun d’entre nous, riches d’expériences propres à des milieux de vie et des responsabilités pastorales contrastées, nous allons rassembler nos analyses et enrichir les débats autour d’un thème à la fois séduisant et complexe : la via pulchritudinis. Votre contribution nous est précieuse pour permettre au Conseil Pontifical de la Culture de répondre avec compétence à la mission confiée dès sa fondation par le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, et renouvelée par son successeur le Pape Benoît XVI. Le fruit de notre travail permettra de préciser, avec l’Instrumentum laboris, dans quelle mesure la beauté offre une réponse pastorale adaptée de l’Eglise aux défis de la culture de notre temps. Il s’agit pour nous d’aider tous les pasteurs à mieux répondre à ces défis en proposant des stratégies, des projets et des propositions concrètes qui ouvrent une voie d’accès à la découverte de Dieu et favorisent le dialogue avec des hommes et des femmes tributaires d’une culture marquée par le relativisme philosophique et moral, et par le phénomène de la non-croyance et de l’indifférence religieuse.
J’adresse un salut particulier, et vous le comprendrez, à mon ancien et très cher collaborateur au Secrétariat pour les Non-Croyants puis au Conseil Pontifical de la Culture, dont il était l’actif Secrétaire, avant de devenir Archevêque de Ljubljana puis Préfet de la Congrégation des Instituts de vie consacrée et des Sociétés de vie apostolique, devenu au cours du récent Consistoire jeune Cardinal de la Sainte Eglise Romaine : Son Eminence Monseigneur Franc Rodé. Je lui redis toute notre fierté, notre amitié fraternelle et notre prière.  

Eminences, Excellences, Chers amis,
2.         Votre présence à tous est pour mes collaborateurs et moi-même une précieuse source d’encouragement. Est-il besoin de le rappeler : le Conseil Pontifical de la Culture c’est vous, et en collaboration avec le Secrétaire et nos collaborateurs, nous avons pour mission de développer les orientations que nous prendrons au cours de ces journées de travail et dont décidera le Saint-Père. C’est le service que nous lui rendons, au Saint-Siège et à toute l’Église.
Pour mémoire, j’évoque rapidement la thématique des précédentes Assemblées Plénières au cours des deux dernières décennies :
        Science et non-croyance.
        Ethique séculière et non-croyance.
        Athéisme. Non-croyance. Indifférence religieuse à travers le monde. Tâches pastorales.
        L’Église devant le défi des idéologies et des mentalités contemporaines.
        Quête du bonheur et foi chrétienne.
        Comment dire Dieu à l’homme d’aujourd’hui.
        Pour une pastorale de la culture.
        Pour un nouvel humanisme chrétien à l’aube du nouveau millénaire.
        Transmettre la foi au cœur des cultures, Novo millennio ineunte.
        La foi chrétienne à l’aube du nouveau millénaire et le défi de la non-croyance et de l’indifférence religieuse.
Nombre de ces travaux ont été publiés en diverses langues, particulièrement nos propositions Pour une pastorale de la culture, en arabe, allemand, anglais, espagnol, français, croate, italien, hongrois, polonais, portugais, roumain, russe, slovène, slovaque. La dernière Assemblée plénière a donné lieu à la publication Où est-il ton Dieu ? faite en anglais, croate, espagnol, français et italien. C’est une manière efficiente pour nous de partager le fruit de nos travaux au bénéfice de toute l’Église. Vous nous direz ce qui vous paraît le plus utile au terme de ces Journées d’échanges et de propositions sur la via pulchritudinis, pour en partager le fruit au bénéfice des pasteurs et de toute l’Eglise.
 
3.         Le thème retenu pour notre Assemblée, La via pulchritudinis, chemin d’évangélisation et de dialogue, a été suggéré par les réflexions de la dernière Plenaria. Il se situe dans la droite ligne de la double mission confiée par le Pape Jean-Paul II au Conseil Pontifical de la Culture par sa Lettre apostolique sous forme de Motu proprio, Inde a Pontificatus du 25 mars 1993 : « promouvoir la rencontre du message salvifique de l’Évangile et des cultures de notre temps » (art. 1) et « établir le dialogue avec ceux qui ne croient pas en Dieu ou ne professent aucune religion » (art. 4).
Dans ce précieux document, le pape Jean-Paul II  observait : « la foi tend par sa nature à s’exprimer sous des formes artistiques et dans des témoignages historiques qui portent en eux une force évangélisatrice et une valeur culturelle auxquelles il convient que l'Église apporte la plus grande attention ». C’est précisément cette intention qui nous anime en ouvrant nos travaux sur la via pulchritudinis. Notre document Pour une pastorale de la culture, renforce notre conviction quand il rappelle : « L'Eglise en a eu l'intuition dès l'origine et des siècles d'art chrétien en donnent l'illustration magnifique : l'œuvre d'art authentique est potentiellement une porte d'entrée pour l'expérience religieuse. » Aussi est-il urgent pour nous d’approfondir le thème de la beauté, sans le limiter bien sûr aux arts, mais en le considérant dans tous les domaines où le beau se montre apte à éveiller le désir de Dieu.
La précédente Assemblée plénière nous a montré combien cette réflexion répond à notre mission auprès des non-croyants et des indifférents. Cette mission, je  le rappelle, est énoncée dans l’article 2 du Motu proprio : « Le Conseil manifeste la sollicitude pastorale de l'Église face aux graves phénomènes de rupture entre Évangile et cultures. Il promeut donc l’étude du problème de la non-croyance et de l’indifférence religieuse présentes sous des formes variées dans les divers milieux culturels, il en recherche les causes et les conséquences en ce qui touche la Foi chrétienne. » (Inde a Pontificatus, art. 2).
Ainsi, en approfondissant la via pulchritudinis dans sa capacité à ouvrir les cœurs et les esprits à l’Evangile du Christ, nous gardons présente notre mission du dialogue avec les non-croyants. C’est l’occasion de rappeler que nous avons célébré l’an dernier les 40 ans de la fondation du Secrétariat pour les non-croyants, créé par Paul VI le 9 avril 1965, en plein Concile Vatican II et placé sous la présidence du regretté Cardinal Franz König. Cette création répondait à la conviction de Paul VI, exprimée dans son Encyclique Ecclesiam Suam, de la nécessité pour l’Église d’entrer en dialogue avec le monde selon trois cercles concentriques toujours plus étendus : celui du dialogue avec les frères chrétiens séparés, celui du dialogue avec les croyants des autres religions, et celui du dialogue avec toutes les personnes de bonne volonté qui ne professent aucune religion. Or le Saint-Père, Benoît XVI, vient d’unir les présidences du Conseil Pontifical de la Culture et du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux comme en atteste la lettre significative du Cardinal Sodano, du 10 mars dernier : « Il Santo Padre, al fine di favorire un dialogo più intenso fra gli uomini di cultura e gli esponenti delle varie religioni, ha unito per ora la presidenza del Pontificio Consiglio a quella del Pontificio Consiglio della Cultura. » Quelle que soit la durée du « per ora », il ressort clairement dans l’intention du Saint-Père de considérer la culture comme le domaine dans lequel l’Eglise se situe pour son dialogue avec les fidèles des religions non-chrétiennes, le judaïsme étant seul l’objet d’un dialogue théologique.   
 
4.         Nos collaborateurs vont vous présenter l’iter du travail préparatoire à cette Assemblée, depuis l’envoi de la première lettre à nos consulteurs, le 1er novembre 2004, et l’élargissement de la consultation à nombre de personnalités, experts, universités et organismes intéressés par le thème, et engagés dans une « pastorale de la beauté », jusqu’à la rédaction de l’Instrumentum laboris et l’élaboration du programme de notre rencontre.
Nous ne cessons de le redire : l’Église se doit de discerner les aspects de la pastorale à privilégier dans son dialogue avec les hommes et les femmes de notre temps, notamment les non-croyants et les indifférents. Ce discernement s’accomplit toujours à la lumière du Christ contemplé dans le mystère de son Incarnation. C’est l’enseignement de Gaudium et spes : « Le mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné » (n. 22). Aussi l’Eglise puise-t-elle dans la contemplation du Christ les critères d’évaluation de ses choix pastoraux. C’est aussi l’enseignement du pape Benoît XVI dans son Encyclique Deus caritas est, quand il se réfère au commentaire du Pape Grégoire le Grand, dans sa Règle pastorale, sur le texte biblique de l’échelle de Jacob : « Le bon pasteur, dit-il, doit être enraciné dans la contemplation. En effet, c’est seulement ainsi qu’il lui sera possible d’accueillir les besoins d’autrui dans son cœur, de sorte qu’ils deviennent siens : Per pietatis viscera in se infirmitatem caeterorum transferat. »(n. 8)
Le Verbe incarné se présente à notre contemplation dans toute sa vérité, sa bonté et sa beauté, ouvrant ainsi différents modes d’approche de l’unique mystère du Dieu fait homme en Jésus Christ. Si la via veritatis est la voie fondamentale de l’Itinerarium mentis ad Deum, elle trouve dans la via bonitatis et la via pulchritudinis un complément particulièrement apte à répondre aux défis historiques, sociaux, culturels et religieux relevés dans les deux précédentes Assemblées plénières, notamment en raison des assauts répétés contre les piliers de la vérité et de la bonté en notre océan culturel pour le moins agité et quelque peu troublé, voire enténébré.
 
5.         Nous le constatons : la vérité a souffert en ces dernières décennies d’être instrumentalisée par les idéologies, soumise à la « dictature du relativisme » et au scepticisme ambiant, enfermée dans une méthode souvent réduite à celle des sciences expérimentales. En notre mémoire résonnent, encore vives, les paroles du Doyen du Collège Cardinalice, le Cardinal Ratzinger, dans son homélie à la messe pro eligendo Romano Pontefice du 18 avril dernier : « Combien de vents de la doctrine avons-nous connus au cours des dernières décennies, combien de courants idéologiques, combien de modes de la pensée... La petite barque de la pensée de nombreux chrétiens a été souvent ballottée par ces vagues - jetée  d'un  extrême  à  l'autre : du marxisme au libéralisme, jusqu'au libertinisme ; du collectivisme à l'individualisme radical ; de l'athéisme à un vague mysticisme religieux ; de l'agnosticisme au syncrétisme, et ainsi de suite. Chaque jour naissent de nouvelles sectes et se réalise ce que dit saint Paul à propos de l'imposture des hommes, de l'astuce qui tend à les induire en erreur (cf. Ep 4, 14). Posséder une foi claire, selon le Credo de l'Eglise, est souvent défini comme du fondamentalisme. Tandis que le relativisme, c'est-à-dire se laisser entraîner "à tout vent de la doctrine", apparaît comme l'unique attitude à la hauteur de l'époque actuelle. L'on est en train de mettre sur pied une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs. »
Dans le même temps, la bonté a souffert d’être « horizontalisée », réduite à n’être plus qu’un acte social au cœur de l’activisme et du sécularisme dominant. Par sa première encyclique, Deus caritas est, le Saint-Père répond à cette tentation de couper l’action caritative de l’Eglise et des chrétiens de leur source première qui est l’agapè divin : « Celui qui veut donner de l’amour, dit-il, doit lui aussi le recevoir comme un don. L’homme peut assurément, comme nous le dit le Seigneur, devenir source d’où sortent des fleuves d’eau vive. Mais pour devenir une telle source, il doit lui-même boire toujours à nouveau à la source première et originaire qui est Jésus Christ, du cœur transpercé duquel jaillit l’amour de Dieu. » La charité envers le prochain ne peut se priver de puiser sa force dans l’amour de Dieu.
 
6.         La vérité, la bonté, la beauté. Certes, nous le savons : la beauté telle que la perçoivent et pensent la traduire nombre de nos contemporains, n’est pas sans susciter quantité d’interrogations, voire de perplexités. Nous sommes trop souvent confrontés à des phénomènes de réelle décadence où l’art et la culture perdent toute mesure et se transforment en des hymnes lugubres à la laideur et au péché. Nous nous trouvons, sans le vouloir, bel et bien plongés dans une culture de l’esthétisme où nos contemporains croient trouver dans la beauté la raison même de leur existence : le marché mondial des cosmétiques, de l’habillement, des voitures de luxe, du design et de l’art est bien loin de la faillite ! La beauté est érigée en valeur qui se justifie par elle-même, comme la vérité ou le bien. Dans un ouvrage récent, Le sens de la beauté, Ivan Gobry le constate : « Les « grands siècles », là où les lettres et les arts arrivaient à leur degré culminant, furent des siècles de libertinage, où la religion était singée et la morale bafouée ». Or, dit-il, « ces siècles étaient tous dévoués à la beauté », avant de conclure : « Plus l’objet sensible est attirant par sa beauté, plus l’homme quitte son intériorité pour l’extériorité. C’est le triomphe de l’esthétisme, qui fait de la beauté la valeur première, digne de détrôner le bien. »[1]
Nos sociétés du règne de la publicité produisent les canons falsifiés d’une beauté provocatrice dont la seule destination est de susciter le plaisir des sens, d’éveiller des désirs de possession et de consommation. L’esthétisme rampant et la recherche du « plaire » à tout prix, le règne du subjectivisme, l’obscurcissement des consciences et la perte des références morales sont autant d’obstacles dressés sur l’itinéraire qui mène à la contemplation du Dieu d’amour et de beauté. La beauté qui conduit à Lui, tout au contraire, ne peut être réduite à un esthétisme éphémère, se laisser instrumentaliser et asservir par les modes captatrices de la société de consommation. Elle est d’un autre horizon, d’une autre nature, et, comme aurait dit Pascal, « d’un autre ordre ».  
Il est commun de dire que la voie de la beauté est largement accessible à tous, mais nous constatons qu’elle n’est cependant pas pour autant exempte d’ambiguïtés et de fourvoiements. Aussi requiert-elle, pour être perçue, une éducation, tant de l’intelligence que du cœur. Pourrait-il en être autrement, étant donné son lien à la vérité et à la bonté comme leur expression visible, leur « splendeur » rayonnante ? Entrer dans la pleine intelligence de son universalité, de sa valeur suprême, transcendante, est la condition première de la pastorale de la beauté, sous peine de voir immédiatement se refermer le chemin de la recherche authentique de Dieu. La via pulchritudinis, pour être un vrai chemin d’évangélisation et de dialogue, ne peut être séparée de celle de la vérité et de la bonté : elles se rejoignent en leur fin. Mais elle opère d’une autre manière pour disposer le cœur et l’esprit à la rencontre du Christ, « le plus beau des enfants des hommes ».
 
7.         Il sera donc nécessaire de clarifier, au cours de nos sessions, ce qu’est et en quoi consiste la Via pulchritudinis. Toutes les cultures ne sont pas également ouvertes au Transcendant et à l’accueil de la révélation chrétienne. De même, toutes les expressions de la beauté – ou de ce qui prétend l’être – sont loin de favoriser l’accueil du message du Christ et l’intuition de sa beauté divine. Les cultures, comme les expressions artistiques et les manifestations esthétiques, sont marquées par le péché et peuvent attirer, voire emprisonner l’attention jusqu’à la faire se replier sur elle-même, et susciter de nouvelles formes d’idolâtrie. Il existe une beauté du diable, qui fascine celui qui s’en éprend au point de lui faire renoncer à Dieu et à son âme. Mais il n’existe pas de bonté du diable. Ivan Gobry l’illustre dans Le sens du beau : « Si Dalila et Hélène envoûtent par leurs attraits sensibles, Méphistophélès captive par ses raisonnements et par ses promesses. Et il ne manque pas de disciples, maîtres prestigieux qui attirent à eux non par la bonté de leur âme, mais par la lumière de leur pensée. »[2] Le siècle passé n’est pas avare d’exemples qui nous en montrent cruellement la triste vérité.
Nous commencerons donc nos travaux par une réflexion théologique sur les fondements théologiques d’une pastorale de la beauté. L’Instrumentum laboris, qui n’avait pas vocation philosophique ni théologique, dégage certaines voies de recherche qui demandent à être complétées par une réflexion approfondie sur les fondements. Je l’ai demandée à notre fidèle consulteur, Mons. Bruno Forte, devenu depuis la dernière Plenaria, archevêque de Chieti, le 8 septembre 2004. C’est pour moi l’occasion de lui redire toute notre joie, notre confiance renouvelée, et notre gratitude anticipée.
Il nous faudra ensuite débattre sur les défis de la sécularisation et de l’indifférence religieuse, et préciser dans quelle mesure et de quelle manière la via pulchritudinis peut offrir une réponse authentique à ces défis. Les nouvelles religiosités et les dites « spiritualités » émergentes appellent de notre part une attention particulière, surtout si nous sommes attentifs au rôle de l’imaginaire et à la place de la séduction dans la propagande et le prosélytisme de ces mouvements. Par ailleurs, la sacralisation de la beauté esthétique en notre culture de la consommation, qui dérègle les critères moraux tout autant que les psychologies, pose en amont la question fondamentale du lien entre sacré et beauté. Nous aurons à souligner l’importance de célébrations de beauté dans la liturgie : beauté des gestes et des lieux, beauté des chants et des vêtures. Mais n’est-ce pas la fonction propre du sacré de nous conduire vers Dieu ? Or le sacré est une valeur différente de la beauté et du bien dont elle se nourrit et qu’elle transcende.  
Il nous faudra aussi préciser, conscients que toute beauté ne permet pas de rejoindre Dieu lui-même dans la richesse de son être, de quelle manière et dans quelle mesure l’initiation chrétienne peut emprunter cette via pulchritudinis. Nos Assemblées précédentes ont souligné la crise de la transmission, caractéristique de nos sociétés : comment éduquer à la beauté, valoriser le patrimoine artistique, former les pasteurs de l’Eglise à des célébrations toutes de beauté pour la louange de Dieu et l’édification des fidèles.
Il nous faudra enfin et surtout, pour reprendre un thème récurrent du Pape Benoît XVI depuis le début de son Pontificat, envisager la beauté de la vie chrétienne vécue en plénitude dont les saints nous montrent l’exemple attirant.
 
Eminences, Excellences, chers amis,
8.         Le sujet est vaste et la beauté du thème de notre Assemblée suscitera sans nul doute des échanges de vue passionnants et riches. Il est encore trop tôt pour savoir ce que nous pourrons tirer de nos débats, ou plutôt comment nous utiliserons les suggestions pastorales faites en ces deux jours de travail. Ne l’oublions pas, c’est notre mission au Conseil Pontifical de la Culture : il s’agit de proposer aux pasteurs de l’Eglise des réponses aux défis de notre temps par une pastorale de la culture appropriée. C’est toujours la foi qu’il s’agit de transmettre, et nous proposons la via pulchritudinis dans sa capacité à toucher le cœur des personnes, à exprimer le mystère de Dieu et de l’homme, à se présenter comme un authentique « pont », espace libre pour cheminer avec les hommes et les femmes de notre temps prompts à apprécier le beau, tout en les aidant à rencontrer la beauté de l’Évangile du Christ.
Permettez-moi de terminer cette brève introduction par la belle citation du pape Benoît XVI, dans son Homélie pour la messe d’inauguration de son Pontificat, le 24 avril 2005 : « Il n’y a rien de plus beau que d’être rejoints, surpris par l’Évangile, par le Christ. Il n’y a rien de plus beau que de le connaître et de communiquer aux autres l’amitié avec lui. La tâche du pasteur, du pêcheur d’hommes, peut souvent apparaître pénible. Mais elle est belle et grande, parce qu’en définitive elle est un service rendu à la joie, à la joie de Dieu qui veut faire son entrée dans le monde. » C’est cette joie que je vous souhaite, Eminences, Excellences, chers amis Membres et Consulteurs du Conseil Pontifical de la Culture, en ouvrant les travaux de notre Assemblée plénière. Nous voulons aider les hommes et les femmes de notre temps à se laisser surprendre par l’Evangile du Christ, à mieux le connaître et à l’aimer pour entrer dans la joie de Dieu, le Père de Jésus. Sur son visage de Fils de Dieu et de la Vierge Marie resplendit la Beauté de la Sainteté Incarnée offerte par Dieu aux hommes pour leur Salut. La proposition de la beauté permettra, c’est notre espérance, de réveiller les Augustin de notre temps, chercheurs insatiables d’amour, de vérité et de beauté, pour leur donner de découvrir le Dieu Saint, l’Auteur de toute beauté.
Travaillons donc pour offrir à nos frères une réponse aux défis pastoraux qui sont, pour l’Église une grave préoccupation en ce début du troisième millénaire. Le Seigneur nous a envoyé annoncer l’Évangile à tous les hommes [pánta ta ktísei] et à toutes les cultures [pánta ton ethne], et il a promis d’être avec nous, en nous accompagnant de sa grâce et de son amour tous les jours, jusqu’à la fin du monde. Nous l’implorons, par l’intercession de la sainte Vierge Marie, Mater pulchritudinis, de bénir nos travaux.
En vous redisant ma gratitude pour votre présence et votre active collaboration, je nous souhaite à tous un bon travail.


 


[1] Ivan Gobry, Le sens de la beauté, Coll. Contretemps, Editions de La Table Ronde, 2003, p. 73.
[2] Ibid., p. 91.
 
 



Fonte :  Pontificio Consiglio della Cultura , www.vatican.va 










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